
Les éléments
Théorie des humeurs et des éléments
Les premières traces avérées d'usage de plantes dans un but médicinal remontent à la préhistoire soit 10 000 ans avant JC.
Rien d'étonnant puisque l'homme vivant en symbiose avec la nature dépendait totalement d'elle pour sa survie. L'instinct, l'observation des animaux, une série d'essais, d'erreurs et de succès ont forgé non seulement les habitudes alimentaires des hommes de l'âge de pierre mais aussi les prémices du soin et de la médecine.
Certaines recherches archéologiques au nord du Tibet font état de traces d'applications de chaleur (moxa) et cautérisation dans un but thérapeutique. Diverses traditions orales ont prospéré sans laisser de traces tangibles si ce n'est dans les transmissions encore en cours. Ainsi la tradition Bön (shamaniste Tibétaine) et les Vedas trouvent leur origine jusqu'à 5000 AJC et probablement au-delà, s'agissant de traditions principalement orales.
A partir de 2300 AJC, depuis l'ancienne Mésopotamie, la médecine se serait déployée en Chine avec l'installation du roi Nakhente dans la région de la rivière jaune. On pense qu'il s'agirait d'ailleurs du célèbre Empereur Jaune auteur du traité de médecine du même nom et toujours d'usage dans la pratique de la médecine Chinoise moderne.
De la Préhistoire à nos jours

Sagesse moderne et intemporelle

Médecines ancestrales
Les briques de construction du réel
L'explication par nos ancêtres des phénomènes qui les entouraient a puisé ses repères dans la nature et trouvé son expression dans les éléments.
Plus qu'une transposition littérale, ils en sont l'émanation représentant les blocs de construction du monde sensible et invisible: des particules aux caractéristiques distinctes les gunas (lourd, léger, huileux, astringent...) et potentiels, attributs permettant d'expliquer toutes les propriétés et transformations chimiques du monde qui nous entoure. C'est en formant des combinaisons qu'ils donnent matière à toute chose et tous les phénomènes de notre réalité.
Ils constituent la génétique de nos parents, les influences saisonnières et astrales du jour de notre conception et celles de notre naissance, la nourriture que nous ingérons, l'air que nous respirons et même à des niveaux plus subtils encore, le tissu de nos pensées....

La constitution: la gabarit de nos humeurs
Les combinaisons donnent naissance aux trois humeurs:
Tibétain: Nyepas Ayurveda: dosa
air: rlung (lung) air: Vata
feu: mKrispa (Tripa) feu+eau: Pitta
Terre+eau: Badkan (Badkan) eau+terre: Kapha
L'éther est partout présent en filigrane représentant l'espace, champ d'émergence, de circulation et d'interractions de tous les autres.
Tous doivent être présents pour que la vie puisse naître et croître mais ne sont pas pour autant représentés en proportion égale chez les individus, influençant le développement du corps, des émotions et de la spiritualité (la psyche) différemment.
Elles sont les forces invisibles derrière notre physiologie, notre métabolisme et même le processus de nos pensées. C'est en cela qu'elles constituent un gabarit, la constitution, un cadre dans lequel les humeurs s'organisent pour former les conditions d'incarnation de l'âme, notre part éternelle afin qu'elle puisse s'articuler dans la dimension terrestre.

Les lois invisibles
Tendrel: loi d'interdépendance
Les humeurs sont donc en relation constante avec notre microcosme (le champ de notre corps) et le macrocosme ( la nature, les saisons, l'environnement, la société, l'univers, les planètes et étoiles,.....)
Lorsque tout est bien réglé les rouages de "l'horloge biologique" se succèdent les uns après les autres dans une danse orchestrée. Si l'un des rouages commence à dérailler les déséquilibres s'enchainent en cascade entrainant des effets immédiats et d'autres à plus long terme.

Oui nous sommes tous reliés les uns aux autres et nos actions ont une influence sur le proche comme le lointain. Des facteurs en apparence distants et sans rapports peuvent être instigateurs de cette chute précipitée.
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Une alimentation de mauvaise qualité ou inapropriée
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les horaires de travail inadaptés
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une mauvaise gestion émotionnelle, des traumatismes non traités
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les problèmes de communication
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les bouleversements climatiques
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le contexte social et politique
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les dégâts écologiques
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l'épuisement des ressources naturelles
Ce n'est pas donc pas seulement en agissant sur les effets mais davantage sur les mécanismes sousjacents que l'on peut inverser ce processus et revenir à des chémas de régulation harmonieux entre nos espaces internes et le monde qui nous entoure.
Sous cette lumière il convient d'envisager le travail corporel non seulement comme un pourvoyeur de bien-être mais aussi comme une clé de réglage des humeurs et de leurs actions sur notre corps, en faisant un outil de prévention idéal dans un monde chaotique.
C'est aussi un biais nécessaire pour réaliser et intégrer des changements émotionnels, cognitifs et psychologiques.
Travailler sur soi, restaurer son équilibre, examiner ses mécanismes de pensée, bref tout simplement s'éduquer pour raffiner la matière grossière dont nous sommes tributaires constitue une base saine à toute autre activité pour le Bien Commun. Il convient d'envisager le développement personnel comme support du déploiement du Soi au service du progrès de l'ensemble et non comme une frénésie stérile n'alimentant que ses distortions égocentrées.

Signature: loi de résonnance
La signature est une qualité intrinsèque à une substance ou un objet. Elle est la quintessence de potentiels qui produiront des effets par sympathie/ résonnance de par la forme, la couleur, les éléments qui la composent.
Tout comme un diapason qu'on approche d'une guitare et en fait vibrer les cordes sans même les toucher, elle fait entrer en vibration des objets et des êtres les uns avec les autres en synchronisant les éléments similaires.
Ces similitudes entre une substance et un organe, une partie du corps, un système ou encore un dosa (une énergie) permettent de mettre en mouvement les circulations énergétiques, de réguler, équilibrer les fonctions corporelles, sans perturber ni endommager l'intelligence du corps. Elles relancent les processus d'autoguérison en générant le moins d'effets secondaires possible.

Sowa Rigpa: trésor de l'Himalaya
Métissage
Sowa Rigpa désigne toutes les médecines traditionnelles pratiquées dans l'Himalaya: Mongolie, Buryatie, Bouthan, Népal et Tibet. Au fil du temps, les diverses traditions alors contemporaines se sont influencées les unes les autres. Les médecins étaient souvent versés dans plusieurs systèmes partageant connaissances et avancées. A contrario de la médecine chinoise régie par un contrôle impérial systématisé, Sowa Rigpa revêt des particularités de régions à régions. Quoiqu'il en soit elle a réussi le tour de force d'allier diverses traditions aux principes parfois difficilement consiliables:
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la tradition endémique Bön, d'origine shamanique
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la tradition Perse/ Grecque d'où émane la théorie des humeurs
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la tradition Chinoise en rapport à l'astrologie et les saisons
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la tradition Ayurvédique avec la pharmacopée et la structure en branches médicales
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la tradition Bouddhiste avec ses notions de karma et de poisons mentaux
Destruction-réhabilitation
Elle a connu apogées et déclins au cours de l'Histoire subissant instabilités politiques internes et invasions. La dernière en date qui aurait pu lui être fatale a été l'invasion du Tibet par la Chine. Les médecins réfugiés en Inde ont sauvegardé et perpétué ce savoir précieux au travers de l'institut Men Tse Khang (littéralement maison de la médecine et de l'astrologie) situé à Dharamsala.
Depuis, nombre de Lamas et de médecins se sont exilés en Occident emportant avec eux leurs sciences et culture à temps pour subvenir aux maux de notre amnésie spirituelle. Les lignées et transmissions ininterrompues en font un héritage authentique et profond avec des enseignements bien vivants qui s'acclimatent peu à peu à notre perception et conditionnement occidental.
Nombre de médecins occidentaux commencent à puiser dans ce trésor de ressources notamment dans les recherches sur la conscience et l'effet de la méditation sur la santé.
Guérison du corps et de l'esprit
La philosophie Bouddhiste a profondément imprégné les enseignements de la médecine et apparait en filigranes de bout en bout. Le Gyu Shi (les 4 tantras) est entendu comme transmission directe du Bouddha de Médecine à l'assemblée de ses disciples.

Composé de 4 livres (tantra), chacun adresse un niveau de compétence, un niveau énergétique.
Les tantra sont structurés par chapitres et très inspirés du Caraka Samhita, recueil de textes védiques médicaux.
Condensés sous forme d'arbres, quintessence de ces enseignements, ils sont toujours d'usage aujourd'hui.
La métaphore est magnifique en ce qu'elle implique ce lien direct avec la nature, cette idée de progression et de croissance et le symbole de transmission et d'héritage.

Les deux fleurs et trois fruits
Le premier arbre est celui des équilibres et à son sommet s'épanouissent deux fleurs: santé et longévité.
Sans ces deux conditions il est difficile pour quiconque de développer les qualités supérieures et atteindre le but de son existence. Les trois fruits symbolisent cette maturation, la douceur possible de la vie et le potentiel d'accroissement.

Dharma: la conduite juste, la "mission de vie" en lien avec l'esprit du divin qui parcourt toute chose et toute manifestation. Vivre en accord avec le Sacré génère naturellement un flot de bénédictions, d'oportunités.
Richesse: il s'agit de l'idée d'abondance, de croissance et d'expansion dans tous les domaines: matériel mais aussi celui de la connaissance ou du relationnel.
Bonheur: Le bien-être physique mais aussi la stabilité émotionnelle, la paix spirituelle.
Ainsi l'être peut goûter la félicité et entamer son retour vers le Grand tout.
Il ne s'agit aucunement de s'attacher à la dimension terrestre mais de pouvoir la transcender et accomplir le corps arc-en ciel.

Ayurveda: la science de longue vie
Du Grand Tout indiscible à la manifestation terrestre
Les enseignements ayurvédiques concernent les moyens de préserver la vie, de tirer le meilleur parti et dans les meilleures conditions possibles du temps alloué à chaque être sur cette Terre.
Les conseils alimentaires et d'hygiène de vie dans une acceptation large constituent la base de cette discipline. Toutes les activités quotidiennes sont passées en revue pour s'aligner sur les besoins de la prakriti (constitution individuelle):
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les habitudes quotidennes: sommeil, régime alimentaire, toilette,....
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pratiques physiques, sport, yoga
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usage des sens
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pratiques spirituelles
La philosophie qui soustend ces conventions est le retour de l'âme/essence à Purusha (le Grand Tout) celui qui lui a donné naissance en premier lieu, et les principes énoncés dans les vedas, un moyen d'éclairer la voie. Selon les vedas, l'être possède en lui le germe de sa libératon des cycles d'incarnation.
Chaque once de vie et chaque activité est l'expression des 3 Mahagunas, auteurs et acteurs de toute manifestation. En effet, sattva, rajas et tamas en potentiel au niveau du non manifesté (subatomique) sont en constante interraction dans notre dimension colorant nos actions et décisions et donnant corps à nos possibles.
Sattva: la partie le plus pure, mouvement ascendant, principe éclairé et d'élévation, le plus proche de l'âme et sa connexion au Grant Tout.
Rajas: transformation, la circulation, la chaleur, la vitesse
Tamas: stabilité, inertie, obstruction et principe de ralentissement et de "mort"
Dans la sphère alimentaire, ces trois principes apportent des qualités d'apaisement voire engourdissement de l'esprit ou à contratrio vitalité et régénération.
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Les 6 Rasa/saveurs
Une très grande importance est accordée à l'alimentation et aux saveurs dans l'ayurveda de par la richesse et la diversité du territoire Indien mais aussi parce que près de 90% des maladies et déséquilibres ont pour origine le système digestif et les erreurs alimentaires.
Comme pour toute chose, les saveurs sont constituées des éléments dont les combinaisons et représentations entrent en ligne de compte dans l'alimentation ainsi qu'en phytothérapie. On ne raisonne pas en terme de calories, de nutriments ou vitamines ni de rationnements comme en diététique occidentale.
En comprenant les représentations des éléments chez un individu, on peut appréhender les spécificités, atouts et déficiences de son métabolisme naturel. C'est en jouant sur la proportion et les combinaisons du sucré, acide, salé, piquant, amer, astringent, qu'on peut nourrir, soutenir, réguler le terrain pour maintenir l'équilibre énergétique et agir en prévention au fil des saisons et des temps de la vie.

Car tout est changement permanent dans le monde extérieur, les cycles planétaires, comme dans le corps et la psyche. La réponse alimentaire, entre autres, ne peut être statique ni rigide mais se doit de dialoguer avec ces fluctuations pour agir en tant que facteur de santé durable.




